J’ai mis du temps à partir en Guyane, j’avais pourtant des amis là-bas, mais je me trouvais toujours une autre destination.
Je ne sais pas ce que j’attendais…
Je suis parti en Guyane en 2011 pour une mission photographique de 3 semaines dans la superbe Réserve naturelle des Nouragues… cela a été une révélation. Je n’avais jamais vu une forêt tropicale aussi belle. Peu avant la fin de ma mission au camp scientifique, je partais de nuit en forêt pour gravir l’inselberg (montagne de granite avec peu de végétation) qui se trouvait à une petite heure de marche. Je ne montais pas au sommet mais seulement sur des terrasses un peu plus hautes que la canopée. J’étais au-dessus de la forêt mais je ne la dominais pas.
Allongé sur la roche, seul sous les étoiles, j’attendais tranquillement le lever du jour. Sur la forêt, je devinais les brumes jouant avec les arbres, les enveloppant, les caressant avec délicatesse. La température était douce et au fil des songes, la nuit s’estompait. Une vague lueur pointait à l’horizon. Les oiseaux commençaient alors à chanter, timidement d’abord et à mesure que le clair du jour se faisait le volume augmentait. J’entendais un groupe de singes hurleurs qui gueulait à droite, un second à gauche se mit à lui répondre m’offrant une écoute stéréophonique et un frisson de bien être. Les oiseaux étaient maintenant à fond. En fermant les yeux, j’aurais pu me croire dans une oisellerie, là où les oiseaux piaillent de tristesse. Mais non, j’étais bien en pleine nature avec un vrai concert d’une nature libre. Il faisait jour maintenant. De peur de disparaître, les brumes s’accrochaient tant bien que mal aux arbres. Puis des Aras passèrent bien au-dessus de la forêt en gueulant leurs croassements qui j’avoue, sont paradoxalement aussi moches que les plumes des Aras sont belles.
La nature guyanaise m’avait séduite.